Avant-propos
L’Observatoire national des zones urbaines sensibles
(Onzus) a été créé par la loi du 1er août
2003 pour « mesurer l’évolution des inégalités
sociales et des écarts de développement dans
chacune des zones urbaines sensibles, (de) suivre
la mise en œuvre des politiques publiques
conduites en leur faveur, (de) mesurer les moyens
spécifiques mis en œuvre et (d’)en évaluer les
effets par rapport aux objectifs de la loi ».
L’observatoire est aujourd’hui arrivé à maturité et je considère qu’il a démontré son utilité. La
majeure partie des indicateurs de la loi est
aujourd’hui publiée par l’Onzus dans son rapport
annuel. Leur suivi permet désormais de porter
un regard évaluatif sur l’évolution qu’ont
connue les quartiers prioritaires de la politique
de la ville depuis 2004.
Depuis sa création, l’observatoire s’est attelé à cette observation tout en en mesurant les limites.
On peut regretter qu’un nombre encore important
d’indicateurs, en matière d’emploi par exemple,
ne soient disponibles que par l’intermédiaire
d’enquêtes nationales qui permettent seulement
de porter un regard d’ensemble sur les zones
urbaines sensibles, et non sur chacune d’entre
elles.
Il convient donc de progresser dans la connaissance
localisée des situations. En effet, cette
connaissance au plus proche du terrain, en
ancrant la statistique dans la réalité vécue, permet
de forger une compréhension fine des déterminants
de la réussite de la politique de la ville.
D’autres problèmes de fond limitent la portée
de l’observation actuelle. Par exemple, se focaliser
sur des indicateurs de quartier conduit
mécaniquement à ignorer l’effet de la politique de
la ville sur les populations qui quittent le quartier.
Or les études qu’a menées l’Observatoire
national des zones urbaines sensibles montrent
bien que si ces quartiers concentrent durablement les difficultés sociales, ils jouent un rôle de
sas pour la majorité des habitants qui les quittent
pour une situation meilleure. Les nouveaux arrivants,
dont les caractéristiques socio-économiques
sont plus défavorables, vont gommer statistiquement
l’impact positif des actions menées.
Il convient donc d’intégrer cette dynamique dans
le regard que l’on porte sur les politiques localisées.
Dans ce but, l’observatoire élabore une
enquête consistant à suivre, pendant plusieurs
années, des ménages résidant initialement en
zone urbaine sensible. Les membres de ces
ménages continueront d’être suivis s’ils déménagent.
La première vague de collecte de cette
enquête interviendra en 2010. Je considère que
c’est là un outil utile pour la politique de la ville et
essentiel pour la mission de l’observatoire.
Il faut enfin que l’observatoire évolue dans ses
travaux dans une perspective plus affirmée
d’évaluation des politiques menées en direction
des quartiers sensibles et de leurs habitants. Ce
pas est important mais compliqué à franchir car
l’évaluation ne fait pas seulement appel aux compétences
statistiques mais exige aussi de comprendre
les effets potentiels de politiques publiques
pour les déceler et les analyser. J’ai
confiance en la capacité des équipes qui
concourent aux travaux de l’observatoire à renouveler leurs approches dans cette perspective
nouvelle.
Enfin, je souhaite que, dans l’évaluation, une attention
particulière soit portée à la place des femmes
dans les quartiers sensibles et dans les politiques
qui y sont conduites, car je suis convaincue
qu’elles constituent une des clés essentielles de
la réussite de la politique de la ville.
Bernadette Malgorn
Présidente du Conseil d’Orientation
de l’Observatoire national
des zones urbaines sensibles